Benji Drevici : « Le but du panier, c’est que la mer et les éléments travaillent à notre place. »

Le 26/08/2025 à 11:06

À quelques encablures de Vannes, Benji Drevici est, avec son frère Yann-Gé, à la tête d’une jeune entreprise qui mise sur la qualité et les circuits courts.

 

À 34 ans, Benjamin « Benji » Drevici incarne une nouvelle génération d’ostréiculteurs, conjuguant tradition mar itime familiale et approche entrepreneuriale innovante. Installé depuis juillet 2021 à Surzur, dans le Morbihan, avec ses frères Yann et Louis, le jeune homme n’a pas froid aux yeux et préfère suivre son propre chemin plutôt que d’emprunter des routes trop balisées.

« On ne veut pas réitérer le schéma de l’agriculture. Vendre en gros, c’est pas pour nous », explique l’aîné de cette fratrie de huit enfants. Son credo ? « Moins de quantité mais de meilleures ventes, autour d’une huître de qualité, une huître de dégustation. »

Ce parti pris se traduit dans leur exploitation de quatre hectares, où ils produisent des huîtres nées en mer. Leur méthode ? « On en met beaucoup moins dans les poches en termes de densité pour qu’elles aient plus d’espace et plus de nourriture. »

Un parcours atypique

Fils d’un père lorrain aux origines polonaises et allemandes et d’une mère taïwanaise, Benji a lui aussi pris le large en passant trois ans et demi au Groenland, sur un chalutier. Mais pour le titulaire d’un BTS en management des unités commerciales, l’huître n’était jamais loin. Son père, d’abord pêcheur de palourdes dans le golfe puis poissonnier pendant une quinzaine d’années, s’est tourné vers la commercialisation de paniers australiens pour l’ostréiculture. Benji est parti se former à cette technique en Australie pendant trois mois, suivi par son frère Yann.

Après un passage chez l’ostréiculteur Benoît Le Joubioux, les frères Drevici ont sauté le pas en faisant l’acquisition de leur propre chantier. « Ici, on avait tout : laveur, tapis, vide en poche, Manitou, plein de poches, des palettes, un bateau… et des parcs », souligne Benji.

L’élevage en paniers australiens

L’entreprise s’appuie sur l’élevage en paniers australiens. « Le but du panier, c’est que la mer et les éléments travaillent à notre place, détaille-t-il. Les huîtres sont brassées et s’entrechoquent. Leur coquille devient beaucoup plus solide. »

Les huîtres ainsi obtenues sont plus charnues : « L’énergie habituellement utilisée pour grandir permet à l’huître de s’engraisser. » Actuellement, l’exploitation compte 14 lignes de 50 mètres, représentant environ 4 tonnes.

Vente directe uniquement

La commercialisation suit la même philosophie : pas de grossistes, uniquement de la vente directe. L’entreprise s’est tournée vers les marchés parisiens de septembre à juin, via un groupement de producteurs de pays initié par la chambre d’agriculture de Corrèze.

« À Paris, on les vend trois fois plus cher qu’ici, explique Benji. Ça coûte trois fois plus cher d’aller là-bas aussi. Pour rentabiliser les trajets, on essaie de multiplier les points de vente pour diviser les frais. »

L’été, l’activité se recentre en Bretagne avec des dégustations dans 12 campings locaux et, depuis peu, un espace de dégustation sur leur site. « Cette année, on a ouvert un ou deux jours par semaine avec des concerts. »

Les frères Drevici font appel à du renfort pendant la saison estivale, l’effectif atteignant alors huit personnes. Pendant l’été, ils diversifient leur offre avec des recettes originales : huîtres fumées, en tempura, grillées au beurre persillé, en tartare, en carpaccio… Résultat de ces initiatives : le nom de la fratrie circule dans les institutions conchylicoles dès lors qu’on aborde la question de l’innovation et de la quête d’une nouvelle génération de conchyliculteurs. Quant aux frères Drevici, ils font confiance à la nature et se rappellent du coucher de soleil violet qui a conclu leur premier jour de travail sur leur chantier : « On s’est dit, c’est un signe. On va rester là. »

 

Raphaël Baldos

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